Extrait du journal

dira et auia besoin d’une dot. N est-ce pas, mon père? Les jeunes filles se marient dif ficilement sans dot. Vous avez fait assez de sacrifices pour Paul. Il travaillera. Il gagnera beaucoup d’argent. 11 sera bon avocat puis qu’il a gagné si facilement sa première cause auprès de moi. Gardez ce que vous lui des tiniez. Ce sera la dot de ma petite sœur. Une sœur ! Je veux que ce soit une petite sœur, vous entendez ? Dès demain je com mencerai une neuvaine pour que Dieu m’exauce. M. du Breuil fit une grimace presque impetceptible. Il lui était difficile de combattre les idées désintéressées de sa fille. C’eût été se manquer de respect a soi-même, blesser une famille qu’il aimait et estimait de tout son cœur. Il avait un peu, dans sa conduite, le système des campagnards : voir, écouter, ne pas se presser, attendre. D’une droiture chevaleresque, il se considérait comme lié autant qu’il l’était la veille, mais il était mé content de voir sa fille resserrer ces liens, au lieu de leur donner un jeu plus libre, afin d’être plus à l’aise lui-même pour laisser, comme on dit, passer l’eau sous le pont et observer ce qu’elle amène. Valentine devina tout d’un coup d’œil. Dans une conjoncture si épineuse, à travers les élans d’un cœur auquel les mesquineries étaient inconnues, elle s’arrangea de façon à ménager tous les intérêts et tous les amours-propres. — Paul travaillera, dit-elle. N’est-ce pas, mon père ? — Sans doute, répondit M. du Breuil. C’est indispensable pour lui à présent. M. de la Fosse ne pouvait repousser ce projet. C’eût été mettre eu doute les apti tudes et la bonne volonté de son fils. II rap; pela néanmoins qu’il lui était encore permis de donner à Paul... 1 Mais M. du Breuil l’interrompit....