Extrait du journal
Après les ruines matérielles qui ont, pour ai mi dire, couvert le sol de notre m il heureuse patrie, et qui, grâce au ciel, grâve au zèle de véritables patriotes, au concert et à la concorde des intelligences vraiment françaises, commencent à s’effa cer , après ces ruines matérielles , il reste les ruines morales; et c’est au spectacle de celles-là, malheureusement, que nous pouvons dire que nous ne sommes pas as sez sévères pour nous-mêmes. Au lendemain de cette immense chute de l’empire qui avait été amené par le crime de quelques-uns qui ont obéi au parjure d’un maître, mais qui avait été maintenu longtemps aussi par la complicité, par la servilité, par l’esprit de convoitise qui do minaient et poussaient au scrutin les masses ignorantes, dont*on entretenait et eneour. g.-ait l’ignorance , quand on n’en surex citait pas les vaines terreurs. (Interruption d’applaudissements)... Après nos désastres, une idée doit sortir dominante de nos fré quentations : c’est le côté- moral de nos ruines , c’est la réparation de l’honneur français, c’est la pratique des vertus répu blicaines que nous ne devons pas perdre de vue un seul instant. Les ruines matérielles n'ont rien d’irré parable dans un pays aussi riche, qui dis pose de ressources aussi considérables, où domine l’esprit d'épargne , de travail , d’accumulation. Oui, messieurs, il n’y a rien de plus simple, dans un tel pays, que de guérir ces blessures sous un gouverne ment qui assure l’ordre. Mais ce serait là une restauration , une régénération mensongère, si l’on n’allait pas plus haut dans la recherche du mal , afin de découvrir le véritable remède. Or , il faut le reconnaître , la France ne s’est laissée aller au bord de cet abîme que parce qu’elle avait perdu les véritables sentiers de la morale en politique, lh rinettez-moi d’ajouter que si le gouvernement républicain a paru, au milieu de ces désas tres, comme le seul possible, c’est que seul il s’est trouvé debout en face du dan ger. Car, au moment même de l’immensité de la catastrophe, nul n’a pensé à un autre gouvernement. Où étaient les prétendants ? Qui donc s’est présenté en leur nom ? qui s’est fait jour au milieu des rangs de nos adversaires pour disputer ce que l’on ap pelait le pouvoir, et ce qui n’était que le fardeau des périls ? Qui? personne ! On a attendu à l’écart, avec patience , mais cette patience était doublée d’un certain remords, le remords...
À propos
Fondé en 1869, Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne affiche très vite son indépendance totale vis-à-vis de l’État en tenant haut le drapeau de la démocratie. Profondément pacifiste, le journal est convaincu que l’entente des peuples doit passer par une démilitarisation multilatérale. Il paraît jusqu’en 1914.
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