Extrait du journal
Saint-Quentin, 23 Avril. On trouve encore aujourd’hui dans notre France républicaine quelques paladins ?n chambre, non pas des vieux, mais des jeunes, pour banqueter et festoyer en l’hon neur du Roi. C’est une maladie qui n’est pas dangereuse par le temps qui court, et que pas un vrai républicain, parmi les vieux surtout, ne vou drait voir guérir par les moyens violents en usage autrefois pour faire taire ceux qui détonaient dans le concert monarchique au temps de l’intolérance politique et reli gieuse. Aujourd’hui on laissedire. Quand un orateur un peu trop verbeux, comme il y en a tant maintenant, s’égare et crie fort pour se faire en tendre , on rit et on lui présente rait volontiers le verre d’eau né cessaire pour lui rafraîchir le go sier et lui permettre de donner un peu plus de vigueur et d’éloquence à son discours. Ils sont quelques-uns comme cela disséminés dans le pays, dans des maisons de campagne et des mai sons bourgeoises, et qui croient sincèrement que la France a les yeux sur eux, et qu’ils pourront profiter de la première défaillance de la République pour la saisir à la gorge et la faire passer rapidement de vie à trépas. Les jeunes royalistes, — nous ne parlons pas des vieux, — ont la foi qui transporte les montagnes. Ils croient, ils sont convaincus que le jour est prochain où leur roi, le jeune prince d’Orléans, n’aura qu’à monter à cheval pour entrer dans sa bonne ville de Paris, et aller s’asseoir sur le trône de Louis XIV, de Louis XVIII, de Charles X et de Louis-Philippe. C’est en vue de ce grand jour que des jeunes royalistes de France se sont réunis avant-hier à Bordeaux, dans un banquet, à l’occasion de la Saint-Philippe et de la clôture du congrès dans lequel on a cherché et examiné les moyens pratiques de rendre la France au roi, après jugement, condamnation et exécu tion de la République, cette vieille Marianne qui paraît avoir la vie de plus en plus dure. Le banquet était présidé par M. de Ramel, un jeune entre deux âges, député du Gard et vaillant royaliste entre tous les royalistes de France et de Navarre. Au dessert on a porté des toasts. Le président du Congrès, M. Gibert a bu au roi et à l’épée du roi, un toast belliqueux naturellement, et qui indique d’une façon très claire, la résolution de partir pro chainement en guerre contre la République absolument comme M. de Malborough quand il quitta son castel, sa tour, sa dame et le beau page de la chanson. Un autre orateur, le comte de Lur-Saluces, président du Comité royaliste de la Gironde, a toasté à son tour. Lui aussi, il est parti en guerre contre la République et les...
À propos
Fondé en 1869, Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne affiche très vite son indépendance totale vis-à-vis de l’État en tenant haut le drapeau de la démocratie. Profondément pacifiste, le journal est convaincu que l’entente des peuples doit passer par une démilitarisation multilatérale. Il paraît jusqu’en 1914.
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