Extrait du journal

On s’étonnera peut-être que j’aie écouté 1 avec tant de patience le discours de Luce et ! le récit de ce qui s était passé au théâtre en ! 1 absence de Léa. Ei vérité, c est que j écoutais à peine, tant j étais troublé par la fuite de Léa, l’arrivée de j son mari, et par ce duel à mort qui ne me j laissait d’autre alternative que d’être tué, : chose toujours désagréable au plus brave, ou, ce qui est pire encore, de tuer un homme à qui je venais de îaire un tort irréparable. Dans celte situation morale, la bonne Luce aurait pu parier longtemps sans être inter rompue. C’est elle-même qui s’étonna de mon si lence et me demanda : — Monsieur, que faut-il faire ? Je répondis : — Luce, il faut vous coucher ; il est près de minuit. Demain nous aurons sans doute des nouvelles de madame. Et je me retirai dans ma chambre, non pour dormir, je n’en avais guère envie, mais jxiur me livrer tout entier à mes réflexions. XXVII Le lendemain, de grand matin, je sortis pour chercher des témoins. Le premier fut mon ami Lenoir, toujours prêt à me rendre service, à quelque heure que ce fût. Quand j’eus raconté mon histoire et l’objet de ma visite : — Ah l dit-il, le peintre te l’avait bien prédit... Et comme je paraissais fort triste : — Voyons, n’aie pas peur que je te fasse un sermon, ce n’est pas le moment ; mais, quand tu seras hors d'affaire, apprête-toi à écouter ma harangue... Quel est ton second témoin ? — Je viens te prier de le chercher avec moi....