Extrait du journal
Des raisons étrangères à la politique m’engageaient à me tenir écarté de cette discussion, dit-il en débutant. Je comptais seulement motiver mon vote, mais l’inter prétation donnée par M. Delpech à quel ques paroles prononcées par moi en 1883, au Sénat, et en 1901, à la Chambre, m’oblige à m’expliquer avant l’heure que j’avais choisie. J’ai dit, en 1883, que les congrégations en prononçant des vœux abdiquaient leur personnalité, mais je n’ai jamais prétendu, bien au contraire, que ces vœux étaient incompatibles avec le droit d’enseigner. Je ne reproche pas à M. Delpech de n’avoir pas relu mes œuvres complètes. Je ne les relis pas moi-même. (Sourires). Je le fais cependant, quand on m’y force. J’ai tou jours affirmé explicitement et proclamé que le droit d’enseigner ne saurait être contesté aux congréganistes. Je demeure prisonnier de ma parole. Mais permettezmoi de dire quelque chose de plus. Je de meure prisonnier de ce qui m’a pu être départi de sagesse ou de prudence. C’est pourquoi ie tiens à vous dire, qu’à mon sentiment, les difficultés de l’heure présente viennent des solutions proposées par le gouvernement pour résoudre la Suestion de l’enseignement congréganiste. n a opposé ici la conception du citoyen émancipé par la Révolution à celle du membre de la cité antique, si belle par sa littérature et ses arts, si misérable par son indifférence de la personnalité humaine. C’est à la première que les républicains doivent donner leur préférence. La commission est partagé entre son attachement pour son projet et un senti ment de regret de donner quelque souci au gouvernement. Ce fait seul montre bien qu’il s’agit plutôt d’une question de poli tique générale que d’une loi scolaire. C’est dans le but de faire prévaloir la politique du gouvernement qu’a été déposé l’amendement de M. Girard, qui laisse de côté la loi de 1901 — que déjà on ne peut appliquer — et qui généralise une mesure déjà difficile. Pourquoi entreprendre plus qu’on ne peut accomplir ? M. Girard considère que le célibat fait perdre le droit d’enseigner. Le gouverne ment a compris que c’était là une question grave. Il a voulu l’étudier. Le résultat de son étude a été la déclaration que M. Thézard, vu la solennité des circonstances, a appelée un message. Cette déclaration con tient des choses très importantes. Outre qu’elle étend pour un avenir pro chain l’interdiction du droit d’enseigner à toutes les congrégations, elle fait prévoir la séparation de l’Eglise et de l’Etat. La [irem 1ère de ces solutions est contraire à a loi de 1901, la seconde également, car plus on rejettera le prêtre dans le droit commun, moins on aura raison de lui refuser le droit commun. Comment édicter au’une congrégation autorisée, parexemple, ans un but d’enseignement, puisse rester autorisée si on lui retire le droit de remplir son but? Mais ce qui frappe, surtout, c’est l’insta bilité des idées, des programmes, des so lutions. Nous sommes entraîné chaque jour vers un but plus difficile à saisir. C’est cette modification continuelle du plan de campagne qui exige tous les matins un nouvel effort législatif. Loin de diminuer, les difficultés se compliquent et s’élar gissent. Chaque jour, il faut recourir à des lois nouvelles, à des moyens nouveaux — je ne veux pas dire à des expédients nou veaux. L’œuvre entreprise, déjà trop lourde, n’avait pas abouti. On a proposé de l’ag graver, de la décupler. Il ne s’agit, dit-on, que de l’enseignement secondaire, mais il sera impossible de s’en tenir là. Il faudra statuer sur l’enseignement primaire. Tous...
À propos
Fondé en 1869, Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne affiche très vite son indépendance totale vis-à-vis de l’État en tenant haut le drapeau de la démocratie. Profondément pacifiste, le journal est convaincu que l’entente des peuples doit passer par une démilitarisation multilatérale. Il paraît jusqu’en 1914.
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