Extrait du journal

Au ton des derniers mots, Gilberte com prit: elle n’avait plus qu’à prendre congé. — Monsieur le procureur, dit-elle en core d’une voix tremblante, je vous en supplie, prenez en bonne considération mon effort pour venir jusqu’à vous. Songez combien j’ai souffert depuis une longue année et plus. J’étais bien digne d’être mieux reçue, puisque je suis venue voui apporter la vérité aux dépens de ma bonne renommée elle-même. Je vous ai fait part de mes soupçons puisque vous me l’avez ordonné. Approfondissez bien l’affaire, monsieur, vous reconnaîtrez que je n’ai pas voulu égarer la justice et que mon témoignage est sincère. — Vous renouvellerez ces protestations, madame, devant M. le juge d’instruction que cela, maintenant, va regarder, et aux assises, je vous le répète, car l’affaire ira jusque-là, certainement. Gilberte s’était levée : elle se sentit toute chancelante. Elle vit tourner devant ses yeux, tout à coup, le rouge apparat des assises Elle se vit, debout, isolée sous les yeux d’un public cruel. Elle se vit, re nouvelant sa confession dont un président sans pitié soulignerait les détails suscep tibles d’effet... Et Marcel, sur le banc, làbas 1 Elle fondit en larmes. Le procureur un peu ému, malgré tout, s’excusa de son mieux et la reconduisit jusqu’à la porte de son cabinet. Une heure après cet entretien, l’affaire était entre les mains du juge d’instruction....