Extrait du journal

Le Maréchal sait qu’à ce peuple éclairé et sensible on ne peut plus donner des mirages, des promesses, des prétextes. Il sait que nous sommes maintenant l’une des rares nations auxquelles soit donné le mauvais privilège de vivre seulement dans la réalité. Le passé est loin. L'avenir, d’autres mains aussi que les nôtres en tissent les mystérieuses trames. Notre seule certitude est la défaite. Nous en buvons chaque jour la présence. Nous en sentons le poison. Chaque heure nous mutile, nous paralyse, nous appauvrit. Nous vivons les veines ouvertes et sentons notre sang s’écouler....