Extrait du journal

Ce passage brusque de la vie civile à la vie militaire est plein d’enseignements. On est arrivé à la caserne, — et l'on a troqué la redingote et le chapeau noir du pékin contre la capote bleue et le képi rouge du soldat : c’en est assez pour transformer un homme, non seulement au physique, mais entore au moral. Un avatar dont vous n’avez pas même conscience s’accomplit en un instant, et la rude discipline militaire nous enveloppe on même temps que la tunique noire aux boutons jaunes, tout comme une implacable tunique de Nessus. Le devoir militaire et ses austérités, les règles de la hiérarchie si odieuses dans la vie civile vous pénètrent tout à coup et vous les admettez sans révolte, comme une nécessité supérieure contre laquelle il n’est point de lutte possible....