PRÉCÉDENT

Le Journal de Saint-Jean-d’Angély, 9 mai 1901

SUIVANT

URL invalide

Le Journal de Saint-Jean-d’Angély
9 mai 1901


Extrait du journal

Si un particulier, millionnaire ou petit commerçant, administrait sa fortune, dirigeait ses affaires comme le gouvernement gère les finances françaises, il serait vite pourvu d’un conseil judiciaire ou déclaré en fail lite dans l’année même. La loi n’ad met pas, pour les individus, la pro digalité, la dissipation des biens, les folles dépenses ; en pareil cas, il est du devoir des personnes compéten tes de faire donner au prodigue, au faible d’esprit, un conseil judiciaire. Cette sollicitude légale n’est pas à blâmer ; mais quel sera le cura teur que l’on imposera au prodigue des prodigues, au dissipateur par excellence, au Parlement ? Jusqu’en 1870, la Dette publique s’était évidemment trop accrue ; le Second Empire, surtout, n’avait pas compris que la prospérité, la puis sance d’un pays, est dans l’amortis sement et, en raison de toutes ses guerres, avait eu le tort de faire monter le passif de l’Etat à la grosse somme de 402,977,516 fr. de rentes à servir par année. On sait que les désastres de l’Invasion, les ravages de laCommuneet l’indemnité à payer aux Allemands, en 1870, 1871 et 1872, augmentèrent les arrérages, à verser à nos prêteurs, de la somme de 346,001,605 fr. Il y avait, alors, deux politiques à suivre : ou accepter les faits accom plis et consacrer nos ressources aux seules dépenses pacifiques, ou penser qu’il n’y aurait rien de fait, rien à faire, tant que les provinces volées seraient aux mains du Prussien, et, alors, tout sacrifier à la reprise de l’Alsace-Lorraine, sans distraire un centime pour un but qui ne serait point cette reprise. On ne sut pas choisir : tout en laissant croire qu’on songeait à la revanche, — pensons-y toujours, n’en parlons jamais — on gaspilla les deniers publics en travaux im productifs, en expéditions coloniales absurdes, en prodigalités inouïes, sous prétexte d’instruction publique, en subventions électorales de toutes sortes, si bien que nous n’avons ja mais été si loin que nous le sommes, à l’heure actuelle, du recouvrement des provinces perdues, et que notre dette nous forçait, le 1er janvier 1900, à payer 694 millions 005,775 fr. 53 c. d’intérêts. Je vais, par des chiffres pris dans un document officiel, le « Compte général de l’Administra tion des Finances rendu pour l’an née 1899», montrer comment notre passif a grossi pendant le siècle qui vient de finir et comment, pour pas ser de l’état de grande puissance à celui de puissance de second ordre, nous nous sommes ruinés et courons fatalement à la faillite et à ses con séquences politiques, économiques, diplomatiques et militaires. La Première République laissait, le 1er janvier 1800, un passif de 40 millions 216,000 francs de rente. Le Premier Empire, au 1er avril 1814, avait porté ce passif à 63,307,637 fr.; la Restauration, le 1er avril 1830, par suite de nos défaites et des indemnités aux émigrés, à...

À propos

Fondé en 1874, Le Journal de Saint-Jean-d’Angély était un bihebdomadaire régional conservateur. En 1877, il devient L’Union conservatrice puis prend le nom d’Union Nationale en 1898 avant de revenir à son nom initial la même année, puis de devenir le Journal de Saint-Jean-d’Angély (L’Union nationale). Il paraît sous ce nom jusqu’en 1941.

En savoir plus
Données de classification
  • delcassé
  • bourgeois
  • botha
  • waldeck-rousseau
  • angély
  • millerand
  • de ferrières
  • royal
  • duval
  • alfred duquet
  • paris
  • kitchener
  • france
  • manfred
  • chine
  • saint-jean
  • marseille
  • gross
  • johannesburg
  • durban
  • la république
  • union
  • agence havas
  • parlement
  • orange
  • société des gens de lettres