Extrait du journal

À peine les opérations militaires sont-elles engagées, que nous voyons commencer le feu croisé des dépêches, les unes disant oui, les autres disant non, et plongeant le public , chaque jour, dans une incertitude complète, sous prétexte de le renseigner. Il est vraiment incompréhensible qu’on ne puisse pas se battre sans se croire obligé de tromper les peuples éloignés du théâtre de la lutte. Ce pro cédé est d’autant plus dérisoire qu’il est stérile : nous cherchons, en effet, à comprendre l’influence que pourra exercer sur ce qui se passe en Armé nie la fausse nouvelle acceptée par le public parisien ou par les habitants d’Edimbourg. Mais c’est là une maladie invétérée avec laquelle il faut vivre en temps de guerre, sauf à attendre, comme pour la Serbie, que les résultats viennent dé mentir toutes les fables qu’on aura prodiguées au public. Hier matin, une dépêche annonçait l’investissement de la forteresse de Kars par l’armée russe d’Asie. Hier soir, un télégramme ottoman affirmait au contraire que les Russes ont été repoussés et ont dû reculer leur campement, à la suite du succès des forces turques. Aujourd’hui, une autre dépêche qui nous paraît un peu trop fantaisiste, annonce déjà la prise de Kars par les Russes. Un succès aussi prompt de vant une forteresse aussi difficile à prendre est trop invraisemblable pour qu’on ne prévoie pas un démenti pro chain. La neutralité de la France...