Extrait du journal

permettent pas que le plus faible pro teste ; ils veulent donner des coups de massue, mais ils ne tolèrent pas qu’on leur riposte par une flèche... Tout le monde reconnaîtra ici « le libéralisme » républicain tel que nous l’avons toujours défini. Ces mêmes hommes qui exigeaient qu’on les trai tât comme des arches saintes, comme des sanctuaires, lorsqu’ils formaient des minorités ; ceux-là même qui étaient alors si ardents à répondre et si prompts à rendre coup pour coup, sont devenus une majorité, grâce aux victoires des Allemands et aux évolu tions de noire destinée. Dès lors, la minorité n’est plus, à leurs yeux, qu’un groupe de factieux qu’il faut dompter et la majorité se transforme en despote qui se fait re douter. La preuve de cette métamorphose est apparue hier dans toute sa clarté, lorsque M. Leblond est venu déposer la proposition qui tend à introduire dans le règlement de la Chambre des pénalités redoutables contre les dépu tés qui voudraient se permettre de trouver trop intolérables les insultes à l’Empire. Cette aggravation de rigueurs a un autre effet auquel ses auteurs n’ont certainement pas pensé : c’est qu’il nous met à l’index des autres nations civilisées où fonctionne le régime par lementaire. 11 n est pas un pays où l’on trouve des sévérités pareilles, aussi blessantes pour la dignité du député, aussi contraires à la liberté des débats. Dans aucun pays de régime parle mentaire, même dans ceux qui ont le plus assimilé leur£ règlements aux nôtres, on ne trouverait des rigueurs égales à celles que tend à inaugurer la proposition Leblond; nulle-part on ne verrait s’affirmer avec un parti-pris aussi peu déguisé l’intolérance de la majorité contre la minorité. Il est vrai aussi qu’on ne trouverait dans aucun pays du monde ce type de contradic tion , de despotisme, d’acrimonie et d’injustice que lègue à l’histoire la République française....