Extrait du journal
C’est vers l'année 1865 que je rencontrai, pour la première lois, Emile Boilvin,’ chez son compatriote cl ami Paul Raj’on. Celui-ci commençait à ce moment, pour la maison Goupil, la remarquable série d eaux-fortes qu il a exécutées d'après Gérùme et travaillait en une simple chambre haute située dans une maison de la rue d Eniei bois\ in avait alors un atelier rue Saint-Jacques, non loin du marché des Capucins, qui lut détruit lors du percement du boulevard Arago. Là je rencontrai aussi un grand diable d’Espagnol, élève de Pils, vrai type de l'hidalgo, plein de talent d ailleurs, peignant le morceau avec une maestria sans pareille et jouant au billard avec passion ; il se nommait Martinez et plusieurs d'entre nous 1 ont bien connu ; un camarade de Rajon, nommé Cuny, fréquentait aussi dans 1 atelier. C'était, pour tous, la pleine époque de la belle et ardente jeunesse aux ambitions illimitées, aux ardeurs sans égales et Boilvin dominait, de sa supériorité incontestée, ce petit groupe d'artistes,tous aux environs de la vingtième année. Je fus frappé de suite du caractère particulier et de la nature physique de Boilvin ; cette chair blonde et rose, cette allure élégante et parfois comique avec finesse, ce masque aux traits mobiles se contractant bizarrement quand une idée de malice ranimait, semblaient s imprégner un peu de Rabelais, à la lecture duquel la jeunesse d’alors se livrait avec passion. A pénétrer plus complètement dans l'intimité de Boilvin. on découvrait une nature d'une sensibilité exquise et d’une mobilité extrême, avec un côté sérieux fort capable d'efforts puissants, pourvu qu'ils ne fussent pas trop prolongés. Dans la passion de l'artiste pour la perfection en art, il y avait cependant une extrême facilité à accueillir toutes les sensations, facilité redoutable, en ce quelle transposait aisément chez lui Je point de vue initial. A l'époque dont je parle, Boilvin préparait le tableau intitulé Un écorcheur de chats, où s affirmait déjà ses principales qualités de peintre et son tempérament particulier ; ce tableau ne figurait pas à l’exposition qui vient de se terminer, trop tôt au gré de tous, mais il s'y trouvait, en resalir ch., un fort beau portrait de Boilvin par lui-même, peint vers 1867, une esquisse pour Gargantua pleine de saveur, La voiture du boucher, esquisse également, qui sont une démonstration suffisante des qualités particulières de l’arliste;une nature morte de grandes dimensions,qui couvrait un des panneaux de la salle d’exposition affirme encore sa réelle maîtrise....
À propos
Le Journal des arts, chronique hebdomadaire de l'Hôtel Drouot, est une feuille culturelle illustrée fondée à Paris en 1879. Dirigé par Auguste Dalligny, elle propose à son lectorat un panorama de l’actualité et du marché de l’art, présentant aussi bien les expositions en cours que les programmes et résultats des ventes.
En savoir plus Données de classification - boilvin
- coppée
- lemerre
- rabelais
- a. mongin
- percepied
- liot
- dupau
- lévy
- aulard
- france
- paris
- oise
- douai
- orbec
- pau
- auby
- eure
- chartres
- rueil
- salon des artistes français
- exposition internationale
- société artistique
- maison goupil
- i.h