Extrait du journal

il y a deux catégories d’historiens d’art. Les premiers, — et leur labeur est louable, et leur besogne est féconde, — détachés plus ou moins de leur époque, se sont donnés la mission de reconstituer une grande mosaïque, — illisible par endroits, mal restaurée sur d’autres points, disparue souvent par larges plaques, — mosaïque où se pourra reconnaître un jour le dessin, magnifique et intégral, de tous les arts du passé, reconstitués pièce à pièce, pierre à pierre, et avec une précision de documentation telle qu’on discerne enfin sans lacune, sur le mur des siècles, les âges successifs de la beauté, les écoles, les influences, les relations spirituelles, l’échange des techniques, les répercussions lointaines des génies, les emprunts, les évolutions des goûts, les mariages des civilisations, les floraisons et les fruits de l'art, les décadences, les ensevelissements et les renaissances des styles que l’on croyait morts. Ce sont les archéologues patients et minutieux, qui s'arrêtent d’exhumer une ruine pour prendre une note, consigner une mesure, traduire l’inscription d’une dalle brisée, comparer le module de deux médailles où s’effacent, sous la rouille des temps, les nerveux profils et les couronnes fanées de Césars oubliés....