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Le Journal des femmes, 1 novembre 1893

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Le Journal des femmes
1 novembre 1893


Extrait du journal

progrès, les législateurs qui ont cher ché à réformer la législation, à étendre les bienfaits de l'instruction, à mora liser le peuple, à faire aimer et respec ter le nom de la France, ceux là, hom- , mes et femmes, — car les femmes qui j aiment ainsi leur pays sont nombreuses ( — ceux là ne sont ils pas les vrais pa triotes ? Les patriotes sont les apôtres de la paix. Ceux qui parlent autrement, ceux qui, par leurs écrits ou leurs paroles, ! réveillent les passion*- de haine et de ! guerre qui sommeillent au fond du cœur de l'homme, ceux là ne sont pas des patriotes. Ils usurpent ce titre car ils j sont les pires ennemis de leur pays. \ Sachons les démasquer et les appeler j par leur vrai nom : — Chauvin. Le patriote aime sa patrie comme la bonne mère aime son enfant. Il la veut | forte, mais non pas pour se battre avec ; son camarade; il la veut éclairée, pour pouvoir guider les autres; riche, mais ; par le travail non par la violence et la j rapine; il la veut surtout juste car la j justice et le droit sont le chemin de la vraie gloire. Le patriote sait lever les yeux audelà de l'étroit horizon qui limite la vue du chauvin. S'il aime le village où il est né, le pays que, tout jeune, ses pieds ont foulé, il sait que cet amour j ne doit différer qu'en mesure avec celui qui embrasse un cercle plus large. Gomme l'amour de la famille n'exclut pas l'amour de l'humanité, l'amour do la patrie ne doit nous enlever en rien l'amour fraternel qui unit tous les hom mes. Soyons donc patriotes. Ne disons pas de mal du patriotisme, car patriotisme veut dire amour, et l'amour est notre guide dans la marche ascendante de l'humanité. Le chauvinisme est le torrent qui déborde et détruit tout sur son chemin. Le patriotisme bien compris est le fleuve bienfaisant qui répand la verdure sur ses rives jusqu'à ce qu'il se perde dans le grand Océan qui baigne de ses flots le monde entier....
Le Journal des Femmes (1891-1911)

À propos

Le Journal des femmes est un hebdomadaire fondé en janvier 1891 par la militante féministe Maria Martin, qui en sera la directrice. Il prend la suite de La Citoyenne, fondée en 1881 par Hubertine Auclert, avec laquelle Martin a pris ses distances à la suite d’un désaccord. La publication revendique « organe du mouvement féminin » dans son sous-titre ; c’est ainsi qu’on y trouve principalement des articles portant sur la théorie féministe ainsi que sur l’actualité de ce mouvement.

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