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Le Journal des femmes, 1 septembre 1893

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Le Journal des femmes
1 septembre 1893


Extrait du journal

Le mérite des femmes qui ont ré clamé leur droit d'éligibilité est même au-dessus de celui des hommes qui, comme les républicains sous l'empire, se sont dévoués pour la défense de leur parti. Ces derniers avaient toujours l'espoir du succès définitif, espoir qui s'est réalisé pour la plupart d'entre eux; les femmes qui représentent le parti féminin n'ont, au contraire, aucun espoir pour elles-mêmes. Elles savent parfaitement que leurs efforts ne peu vent profiter qu'aux autres. Les autres viendront.. Là oii nous avons échoué, elles réussiront. Il y aura aussi sûrement dans l'avenir des femmes électeurs et élues qu'il y a aujourd'hui des femmes médecins, qui gagnent fort bien leur v'e, des femmes avocats qui plaident déjà en Amérique et qui plaideront bientôt en Europe, des femmes professeurs, des femmes journalistes. Tout cela était inconnu dans ud passé encore rap proché. Il en sera de même pour les droits civils et politiques. Mais, quand la victoire sera gagnée, combien, parmi celles qui en profiteront, penseront aux pionniers qui la leur ont préparée? Sans doute la meilleure des récompenses est le sentiment du devoir accompli,et celles qui se sont présentées au scrutin peuvent dire qu'elles ont fait leur devoir jusqu'au bout. Gela ne pourra pas excuser l'ingratilude. Rappelons-nous toujours que nous profitons nous-mêmes des efforts de nos prédécesseurs. C'est grâce à elles, grâce aux revendicatrices qui étaient autrement ridiculisées, bafouées que nous, que la condition sociale des femmes est devenue meilleure, que nous avons des lycées de filles, que les femmes sont admises à suivre les cours des Facultés, qu'elles sont employées dans la plupart des administrations. Il nous faut rendre à la génération à venir ce que nous devons à nos de vanciers. A nous d'élargir la sphère de la femme jusqu'à Tégalité complète. S'il y en a qui ne peuvent pas beaucoup elles ont au moins le devoir de rendre un hommage reconnaissant à celles qui ont le courage et la facilité de parler au nom de toutes. Maria Martin....
Le Journal des Femmes (1891-1911)

À propos

Le Journal des femmes est un hebdomadaire fondé en janvier 1891 par la militante féministe Maria Martin, qui en sera la directrice. Il prend la suite de La Citoyenne, fondée en 1881 par Hubertine Auclert, avec laquelle Martin a pris ses distances à la suite d’un désaccord. La publication revendique « organe du mouvement féminin » dans son sous-titre ; c’est ainsi qu’on y trouve principalement des articles portant sur la théorie féministe ainsi que sur l’actualité de ce mouvement.

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