Extrait du journal
Dans la rue bariolée par les mensonges des affiches électorales, la rue où tinte l'enclume, où battent les baguettes de la cardeuse aérant les matelas répandus, où les fardiers traînent lourdement et les camions retentissent, où la femme chante, où l'enfant prolonge sa glissade, où les buveurs se quittent longtemps sur le seuil du cabaret rouge, où l'homme arrêté allume une pipe devant son visage infernal pour une seconde, la rue où les objets vieillissent derrière les glaces des devantures, où les journaux illustrés pendus aux lambris des boutiques enseignent les crimes, les grands massacres et le nnvsique des académiciens, où la toute petite fille porte le très grand pain qui blanchit son tablier noir, la rue populaire_au'envahissent en brun, en bleu, en blanc, les- ouvriers - fanfarons, la "rue qu'inspecte la méditation du sergent de ville aue traverse la rapidité silencieuse du cycliste, que colore la flânerie de la prostituée en robe éclatante sanglée sur des formes rebondies, la rue des jurons, des rires, des larmes, de la poussière, des gifles, des appels, du vaudeville et du drame, de l'urine et du sang, la rue des ruisseaux teints, des ivrognes malades, des commères éloquentes, des chiens modestes et pressés, la rue aux mille yeux de fenêtres regardant la conscience de sa chaussée et de ses trottoirs, regardant la haine et le désir, le rêve et l'instinct, la calomnie des bavardes, l'obstination du faune en paletot, la coquetterie de la nymphe en chapeau de fleurs, le négoce du camelot, l'avarice de la marchande, la marche du gros omnibus jaune qui secoue les âmes entassées entre les frissons tumultueux de ses vitres, la rue aux enseignes d'or, aux lampadaires de bronze élégants et droits, la rue que le ciel cuit, que les fiacres font crier douloureusement et que balaye sans hâte le fonctionnaire municipal,,dans la rue parisienne il est un coin, toujours, de beauté charmante et ombreuse : la blanchisserie....
À propos
Fondé en septembre 1892 par Fernand Xau, le quotidien Le Journal fut l’un des titres de presse les plus importants au début du XXe siècle. Modéré, parfois frileux, il séduit une large audience populaire par son contenu littéraire de qualité et la collaboration de grandes signatures. D’une sensibilité républicaine à ses débuts, il s’en détache peu à peu pour adopter une ligne davantage nationaliste et anticommuniste – assurément de droite – sans jamais côtoyer les extrêmes.
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