Extrait du journal

C'est peut-être en effet ce qui frappa le plus les spectateurs de la course de l'an dernier. Les coureurs étaient partis de Paris, joyeux comme des collégiens en vacances, les cars retentissaient de leurs rires et de leurs chants. Verdun ramena le calme, le pays commençait à parler, les noms glorieux et terribles étaient dans les cœurs avec les souvenirs qu'ils évoquaient avec tout le passé si proche encore. Le départ dans le recueillement et puis la course dans la nuit, avec çà et là l'éblouissement de la flamme du relais. Cette fois, plus de chants, plus de cris, des visages tendus par l'effort, la volonté de vaincre dans tous les yeux, de se vaincre soi-même si l'on ne peut vaincre les autr.es, l'attente angoissée des coéquipiers et jamais, jamais même chez ceux qui n'ont plus l'espoir de franchir en vainqueurs la ligne d'arrivée, de découragement, de gestes lassés, de muscles qui se détendent parce que le vouloir défaille, toujours, au contraire, l'ardente conviction que les lieux et les fantômes qui tes hantent commandent d'aller, d'aller toujours vite, plus vite encore, vers le lieu sacré où dort celui qui symbolise le grand drame....