Extrait du journal
Pourquoi le nomme-t-on et l'assuret-on entre tous passionnel, le crime du eocu, l'assassinat le plus réfléchi, le plus calculé qui soit, ce meurtre quasi-dogmatique de créatures — l'amant ou l'épouse — qui, aux conventions sociales et religieuses dont se réclame la tyran- ., nie du mariage, substituent noblement le devoir suprême d'aimer selon les sollicitations de l'instinct et les appétences de l'idéal? Dans l'amas illitteraire des antiphrases, on en trouverait peu d'aussi choquantes, a ce degré ironiques. Car l'épithète ne ressort pas des ferments d'envie, des couvées de haine, des cultures de vengeance, qui sont les véritables éléments de tout crime marital; elle se rapporte au contraire a la passion dont se divinise notre humble vie, a ce tendre, a cet ineffable amour qui désaltère les cœurs aux sources de l'immortelle bonté. Vraiment, vous l'osez dire passionnel, ce crime dont l'extériorité, îa'inaténrfete tsèûTë^êvèfe fit p~nïê~îta.-' tion et le calcul ! Que ne voyez-vous plutôt le misérable au moment même de l'attentat! Au lieu d'apoplectique, comme le devrait rendre la fureur, le visage est blême, tortionné de tics grimaçants et discords, tandis que le bras, loin d'être mû de l'énergie d'un bras dé justice, tâtonne le vide dans le tressaillement de la peur. Non pas que le gredin s'émeuve de l'horreur de la tuerie, et simplement parce que, peu familier avec les armes a feu, il appréhende que son revolver n'éclate. Mais a peine s'est-il assuré des loyaux offices de l'arme que le sang-froid lui revient; il vise désormais, toujours mieux à mesure, si bien que les projectiles, enfin, portent; et c'est avec la conscience du sergent qui donne le coup de grâce aux fusillés qu'il parachève la victime. Puis, les balles tirées jusqu'à la dernière, il s'adresse à la galerie, s'écriant, selon la formule consacrée : « J'ai vengé mon honneur! Qu'on me conduise chez le commissaire ! » Et ce refuge vers la police, c'est bien là l'affront que mérite un Code dont un article imbécile a fait de ce Doltron un lâche meurtrier....
À propos
Fondé en septembre 1892 par Fernand Xau, le quotidien Le Journal fut l’un des titres de presse les plus importants au début du XXe siècle. Modéré, parfois frileux, il séduit une large audience populaire par son contenu littéraire de qualité et la collaboration de grandes signatures. D’une sensibilité républicaine à ses débuts, il s’en détache peu à peu pour adopter une ligne davantage nationaliste et anticommuniste – assurément de droite – sans jamais côtoyer les extrêmes.
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