Extrait du journal

La gare fourmille de troupes. Le camp a un aspect particulier ; il ae tient des convois de chameaux qui vont et viennent, chargés de ballots d'équipements. Des groupes piteux travaillent autour des wagons : les prisonniers grecs. Hideuses capotes maculées, trouées, mangées par le soleil et la pluie ; quand serons-nous enfin délivrés d'elles ? Depuis mon départ de Paris, partout, sauf dans la bienheureuse Suisse, partout j'ai vu — paysans italiens, croates, esclavons, serbes, bulgares, grecs, turcs — des hommes revêtus du même uniforme, la capote délavée qu'ils ont rapportée de la guerre, et que la paix ne leur a pas donné les moyens de quitter. Elle a pu être bleue, verte, kaki, réséda. Elle est maintenant partout du même horrible gris passé....