Extrait du journal
: A peine est-il installé dans cette résidence lointaine que le Machiavel, de plus en plus galonné, qui a conservé son poste de confiance sous le nouveau ministre, le désigne « par intérim » comme gouverneur de la Corse et, trois mois après, le nomme général de brigade. La pénitence a été deace,: on en conviendra. Xic colônel « disgracié » a maintenant les étoiles! - 'Une autre fois, c'est un lieutenant-colonel, commandant un groupe de tirailleurs indigènes, en Afrique, qui se permet d'adresser au ministre de la guerre deux lettres impertinentes, insolentes même pour protester contre la non-inscription au tableau de certains de ses officiers. C'était de quoi le faire mettre en non-activité par retrait d'emploi, s'il eût été un simple officier comme tant d'aatres,, sans nom et sans appui. Mais, c'est un fils à papa!.- Son pere, il y a quelques années, a marqué dans l'armée cojntie*ain officier brillant à la fois et trefè réactionnaire. Lui-même, quoique jeune encore (il à quarante-neuf ans), ne sera pas empêché par l'infirmité physique dont il est atteint d'arriver à son tour au sommet de la hiérarchie, pourvu qu'une fidèle camaraderie l'aide et le pousse!.- Cela suffit : on se contente de le rappeler d'Afrique pour le mettre momentanément en pénitence dans une petite garnison du Centre Puis, le ministre ayant changé, le Machiavel du cabinet — qui ne change pas, lui, — s'empresse d'inscrire au tableau, pour colonel, l'homme qui a été un lieutenantcolonel si parfaitement indiscipliné. De plus, comme on est aux dernières semaines de i909 et que le temps presse si l'on ne veut pas que le nouveau promu perde une année d'ancienneté, on lui assure le millésime qui va disparaître en le nommant le jour même où il a été inscrit! Notez bien, pour mettre la dernière touche au tableau, que l'autorité préfectorale, qui est toujours consultée 'au sujet du civisme et de la correction politique des officiers susceptibles de devenir chefs de corps, commandants d'armes, etc., avait, en la circonstance, émis un avis nettement défavorable à l'inscription au tableau....
À propos
Fondé en septembre 1892 par Fernand Xau, le quotidien Le Journal fut l’un des titres de presse les plus importants au début du XXe siècle. Modéré, parfois frileux, il séduit une large audience populaire par son contenu littéraire de qualité et la collaboration de grandes signatures. D’une sensibilité républicaine à ses débuts, il s’en détache peu à peu pour adopter une ligne davantage nationaliste et anticommuniste – assurément de droite – sans jamais côtoyer les extrêmes.
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