Extrait du journal

Cet homme, au début de la guerre, servait la France comme haut fonctionnaire en Indochine. Il avait préféré, pour la paix d'une âme exigeante, les galons et les risques d'un humble sergent à la cuirasse assurée des broderies officielles. Il était revenu, s'était battu, s'était fait blesser trois fois, avait gagné trois ficelles d'or sur le champ de bataille. Il était ruiné dans sa chair, mais grandi dans son âme. On l'envoya gouverner l'Afrique occidentale, avec le surcroît d'un titre emphatique, de broderies multipliées, et de croix méritées. Il se rétablit, ou se crut rétabli. Alors il sollicita l'honneur de jeter à la brousse les insignes de son proconsulat pour reprendre son épée d'officier subalterne. Il en mourut, face à l'ennemi, dans un matin d'apothéose....