Extrait du journal

Janvier 1917 : on n'a pas oublié le rude hiver de cette année-là, m peut-être le tragique épisode qui vaudra, cet après-midi, au patron Devaud, la remise d'une croix de chevalier. Un sous-marin allemand a torpillé le cargo et refusé de remorquer vers la côte les embarcations des naufragés. Trois jours plus tard, l'une d'elles est signalée par le sémaphore de l'île d'Yeu. Le canot de sauvetage recueille les naufragés. Mais le vent de sud-est est déchaîné. Impossible de rentrer au port. Après des heures d'efforts vains, il faut courir vent arrière, sur line mer démontée, dans une tempête de neige. Quand le canot, le surlendemain, atterrit sur la côte finistérienne, à Raguénès, un îlot perdu, six sauveteurs sur douze et cinq naufragés sur sept étaient morts d'épuisement et de froid....