Extrait du journal

Denis Fleuriot était coupeur au bois de son métier. Il allait sur ses vingt-quatre uis, et il y en avait déjà huit qu'il travailrait en forêt. C'était un solide gars, un peu lourd et gauche, mais de brave mine, parlant peu et expédiant vivement la besogne. Une année, à la fin de l'automne, comme il était employé à exploiter la coupe de Belle-Etoile, il vint coucher et prendre ses repas à la ferme d'Aquenove, dont les cultures et les bâtiments jouxtaient la lisière du bois, à une portée de fusil de la « vente ». La plus jeune fille du fermier, nommée Reine Perdriset, était du même âge que Denis-; ils avaient été à l'école ensemble, et leur camaraderie d'autrefois se renoua tout naturellement, quand le bûcheron devint le pensionnaire du père Perdriset. Ce ne fut d'abord qu'une amitié très tendre, mais peu expansive, Denis étant concentré, timide, sauvage, et la fille, blonde, fort douce, ayant une nature calme et un tantinet moutonnière. Mais l'amour, dans la solitude des bois, ressemble à ces plantes forestières qui poussent silencieusement sous les feuilles sèches et restent igno-...