Extrait du journal

Alors, tandis que s'effaçait à peine le sifflement des dernières balles et que l'ennemi essoufflé par la déroute prenait enfin le repos du vaincu sur ses derniers bivouacs, le ciel de France tout entier tintait de toutes ses cloches. L'allégresse de l'airain se mêlait aux cris de joie d'un peuple justement exalté par l'orgueil d'une victoire, qu'on devait se hâter de lui présenter comme l'aube d'un âge d'or et l'orée d'une quiétude sans fin. Pour ceux qui-auraient oublié ces délires d'émotion collective, les événements de septembre en ont fourni un modeste duplicata. On avait peutêtre, en 1918, payé assez cher le droit de se bercer d'illusions, mais puisque 20 ans de déceptions nous ont enseigné qu'une paix victorieuse ne porte pas en elle la nécessité de ses bienfaits, sachons veiller de près aux embûches d'une paix sans victoire....