Extrait du journal

'- Et qui n'est, je l'espère, qu'un début Pourquoi nous entreprenons cette campagne ? Je vais yous expliquer : l'hiver approche et plus serrée, plus âpre devient la lutte de chaque être humain contre les intempéries, n'est-ce pas ? Plus angoissant aussi, plus criant se fait le devoir que nous avons tous envers ceux qui attendent le retour en France et passent tristement leur deuxième automne de captivité. Nos prisonniers ? Voilà notre plus grave souci. Certes, leurs familles — hélas ! trop nombreuses — et des œuvres multiples pensent à eux sans cesse et font l'impossible pôur leur envoyer lettres et colis. Ici, comme ailleurs, des femmes au dévouement anonyme, chaque jour, donnent tout leur temps afin que leur arrive régulièrement la preuve tangible de notre fidélité et aussi de notre solidarité. Mais, est-ce bien assez ? Sommes-nous certains que, pendant ce second hiver plus dur moralement que physiquement, ils ne nous demanderont pas deux fois plus pour se convaincre de notre affection ? Leur courage ne dépend-il pas davantage de l'union qu'ils sentiront entre eux et nous que des envois — pourtant si nécessaires — qu'ils recevront ?...