Extrait du journal

Tout au contraire. Par cela même que beaucoup de gens affectent de ne croire & rien, si ce n'est que deux et deux font quatre et de rien 'souhaiter d'autre que de voir, dans leurs affaires d'industrie et de négoce, deux et deux faire vingt-deux, une réaction se produit dans d'autres esprits. Les âmes sentimentales et éprises de poésie ne sont pas rares, l'en trouverais au besoin une preuve expresse en ceci qu'ayant écrit, ici-même, il y a deux ou trois mois, un article sur il a" Poésie, j'ai reçu une quantité singulière de lettres. Il y en avait en prose et en vers, de savantes et de naïves, m'approuvant, me blâmant, m'injuriant même, mais pas une qui ne témoignât d'une véritable .passion pour la poésie. On peut encore constater que jamais on n'a publié tant de volumes de vers. Il est vrai que ces volumes se vendent peu et que tel d'entre eux qui eût, jadis, été très remarqué, passe inaperçu. Mars la raison de cette indifférence de la foule ne tient pas tant à l'affaiblissement du sens et du goût poétiques chez elle qu'au désarroi où elle a été jetée par les critiques et par les novateurs. Les premiers ont discrédité les formules longtemps acceptées : et les seconds en ont apporté de nouvelles qui restentincompréhensibles et inaccessibles à l'esprit du public. Il en résulte...