Extrait du journal

Le 14 juillet est-il une fète républicaine ? Il n'y a aucun paradoxe à répondre nettement : non. Et, pour qui fouine l'énorme amas des: papiers révolutionnaires. pour qui critique leurs textes et recueille les dépositions des témoins oubliés et dédaignés, la journée du 14 juillet 1789 apparaît presque comme un acte de loi royaliste, comme une manifestation du peuple de Paris envers son monarque. Au reste Louis XVI ne s'y trompe pas. Pour lui la chute de la Bastille n'est qu'une petite émeute et une émeute sympathique. En effet, le 14 juillet, les femmes ont poussé leurs maris à la rue, leur indiquant, dans le lointain du faubourg brûlé des feux solaires. les huits tours- de la. Bastille, disant : « Va ! pour le roi et pour la patrie ! » Quoi ? Pour le roi ? Certes, car Louis XVI est ici hors de cause. C'est un bon roi, c'est un « monarque citoyen, homme sensible et loyal, roi chéri de tous les' Français vertueux », qui ignore les exactions de ses « infâmes ministres », qui. demeure irresponsable du malheur du peuple. Mais alors, pourquoi cette haine contre la vieille prison bâtie par Qharles V, où Henri IV enfermait l'or de ses économies avânt que Louis XIII y dépêchât les ennemis de l'Etat ? C'est que,.pour le peuple la Bastille est comme le symbole même du despotisme ministériel, l'in-pace muet, de ceux qui ont eu le malheur de déplaire à une femme cruelle, témoin Latiide : « Ah ! si le roi savait ! M dit-on parmi les - petites gens. Mais le roi ne sait pas. Et le peuple sait-il davantage ? Sait-il que la Bastille effrayante du dehors l'est certes beaucoup moins à l'intérieur ? Les prisonniers n'y mouraient point de faim....