Extrait du journal

» Et — vous allez être étonné — pour la première fois voilà qu'aujourd'hui "inscription que je lis là et que j'ai vue 6i souvent m'a frappé : « Conservatoire de Musique et de Déclamation. » Déclamation ? Oui, c'est bien ça. J'épelle le mot, ce mot qui ne me disait rien autrefois, j'entends qui ne me choquait pas, iet, cette fois, il me taquine. Oh ! je sais bien ce qui veut dire : bien prononcer, taire valoir les parties du discours, accentuer, rendre la musique même de la phrase. Parfaitement. Mais tout de mê'me je me demande s'il ne vaudrait pas mieux mettre au-dessus de cette porte : "a Conservatoire d'Art théâtral. » Déclatoner, c'est bien — et encore ne faut-il point s'habituer à ce qui est déclamatoitre et le mot a un sens après tout qui n'est pas si favorable ; — mais jouer, 'aller, marcher, venir, vivre, en un mot, 4,,'est ça le théâtre. Alors, comme le vieux général qui entendait chanter le rossignol, vous savez, je me suis mis à rêver, à penser à un tas de choses, à mon passé, à l'avenir de ces enfants qpi vont rentrer dans leurs classes et remâcher leurs rôles avant peu. Et ma Vielle tête de comédien retraité, qui n'a plus qu'à passer en revue ces chimères, e'est mise à trotter par les espaces. « Déclamation ! » Il y a tout un monde dans ce mot-là, toutes les qualités et tous les défauts de notre art....