Extrait du journal

Aux plus mauvais jours, nous ne pouvons même pas avoir la consolation de nous dire : « Il n'y a qu'à nous que ces choses-là arrivent » et d'en tirer vanité, comme ce personnage de Labiche qui s'écriait : « Ce n'est pas pour me vanter, mais il fait terriblement chaud ! » Croire à une élection particulière de notre époque par le malheur serait d'une prétention excessive. Songeons 'à ce que le monde a traversé de catastrophes depuis trois mille ans qu'on sait à peu près ce qui s'y est passé ça et là. Songeons aux crises qui ont duré, non pas des années comme la nôtre, mais des lustres et des siècles. Je ne parle pas seulement des écroulements d'empires à grand fracas, mais des longues maladies qu'a traversées ce qui fut la civilisation à toutes les époques. Nous serons « l'aprèsguerre de 1914 », une goutte d'eau — une goutte d'eau amère — dans l'océan du temps....