Extrait du journal
Le souvenir des misères subies dans sa première enfance, par lui et autour de tui, est resté dans son cerveau comme la marque au fer rouge de l'injustice et de là cruauté sociales. On a eu faim, on a eu froid, quand il était petit, dans la maison de son père.On a peiné, trimé,pour gagnée quatre sous, pendant que des coupés éclaboussaient les vitres de la boutique, avec la boue du ruisseau. Il a vu tous les siens se débattre dans les difficultés de la misère, et s'est dit que son existence ressemblerait à la leur. Mais, si pénible que fût pour ses parents la tâche de gagner le pain quotidien, ils le gagnaient du moins, et Marcellin avait sa part du souper, sans avoir sa part du labeur : il voyait la pauvreté et ce qu'elle donne de mal, mais il n'en souffrait pas lui-même, étant le chérubin d'une famille qui réservait pour lui tous les meilleurs morceaux : comme ses goûts étaient modestes en tout, il ne souhaitait rien au delà de ce confort crasseux que le dévouement de ses proches parvenait à lui procurer: , IVÇll àm^I préservé de l'envie, et n'eut, tout d'abord pour le luxe qu'une admiration lointaine, comme les enfants en ont pour les saints de l'église et les candélar bres dorés. Il gardait aux riches et aux puissants du monde cet antique respect des serfs, qui, dans le seigneur, voyaient un être de race différente. Il ne les tenait pas pour des égaux favorisés outre mesure, mais pour les détenteurs légitimes d'une chose admirable. Il ne devait donc pas devenir un révolté, et jamais il ne le fut. Mais lorsqu'un peu d'or brillant lui vint de ses premiers écrits, il l'admira dans le creux de sa main, et dansa, ébloui,-joyeux, étonné .d'avoir tiré de soi cette chose prestigieuse. Ses écrits ayant plu, les rédactions l'accueillaient, et les caissiers aimables lui remettaient aux doigts un billet de banque gagné en une nuit de,poète. Il devint à ses propres yeux une poule aux œufs d'or, capable de pondre à son gré et de verser des louis à son commandement. Il se sentit magiquei....
À propos
Fondé en septembre 1892 par Fernand Xau, le quotidien Le Journal fut l’un des titres de presse les plus importants au début du XXe siècle. Modéré, parfois frileux, il séduit une large audience populaire par son contenu littéraire de qualité et la collaboration de grandes signatures. D’une sensibilité républicaine à ses débuts, il s’en détache peu à peu pour adopter une ligne davantage nationaliste et anticommuniste – assurément de droite – sans jamais côtoyer les extrêmes.
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