Extrait du journal

—Sa maîtresse, ma chère ? Que je sois sa maîtresse ? Me vois-tu, moi, jeune, jolie, — car tu me concéderas bien que je suis une jolie femme, n'estrce pas ? moi qui suis si tranquille depuis mon divorce, et qui ne manque de rien, pas même d'un coupé, et n'ai besoin de rien, pas même d'un amant, moi qui suis calme et sans passions, raisonnable comme un petit ange, et qui ne demande à la r-ie qu'une chose, une seule, la paix, la paix, la paix ! Moi, j'irais m'encombrer d'un individu masculin qui vous embrasse quand il fait chaud, qui vous chiffonne quand on a une robe neuve. qui vous décoiffe quand on est coiffée, qui vous surveille quand on sort, et vous tracasse quand on rentre 1 Tu n'y penses pas, ma chérie. Je n'ai aucun goût pour ces misères-là, et j'en laisse le caprice aux minces pensionnaires qui sortent du couvent, avec des romans plein la tête, des petites fleurs plein les poches, et l'ignorance des réalités. Moi, je sais. J'ai passé par l'amour, et j'en suis-revenue. J'ai connu le mari rêvé, qui nous fatigue tour à tour de baisers et de querelles, et qui nous cherche noise quand il cte cherche pas dans votre corsage. Je n'adore que ma douce personne et ma tranquillité. Je suis une dormeuse ; mettons, si tu veux, que je suis une endormie. J'étais née pour faire la trois cent soixante-sixième épouse...