Extrait du journal

L'observation n'est pas inédite. Je l'ai déjà notée sous la plume d'un substitut de province, M. Marcel Lestranger (pseudonyme), qui signala naguère le déplacement du pli professionnel chez le magistrat. Les éloges prodigués, il y a quelques années, au « Bon Juge », incitèrent, par émulation, un grand nombre de ses collègues à l'indulgence de parti pris. On vit, un peu partout, les Bons Juges croître et multiplier. Multiplier les acquittements et les condamnations avec application de la loi de sursis. La magistrature en partageait le bénéfice avec les inculpés. Tantôt c'étaient les félicitations de la presse et tantôt un siège au Parlement. Du moment que l'indulgence procurait les avantages longtemps réservés à la sévérité, il n'y avait pas à hésiter. On dut bientôt renoncer à compter les Bons Juges ; ils étaient trop !...