Extrait du journal

Au soir de sa vie laborieuse, le général de Castelnau pourrait, retiré dans le calme de ses terres, se retourner sur son passé, méditer sur l'âpre ingratitude de ses concitoyens, sur l'imprévoyance des hommes, dont les mêmes passions, les mêmes fautes, le même oubli des traditionnelles valeurs morales causent la répétition des mêmes catastrophes. Seulement, un autre idéal le possède que celui de s'abandonner à une commode philosophie. Sa tâche n'est pas terminée. Cette guerre dont il a si souvent dénoncé le retour — car il n'y a pas une fatalité de la guerre — cette guerre où deux de ses fils et son petit-fils sont partis, il voudrait du moins qu'elle fût l'occasion de réparer de dures injustices, de rétablir par la concorde et la raison ce que la colère partisane a faussé. A cela il emploie son énergie inlassable, sa force d'âme, son esprit que son grand âge n'altère point....