Extrait du journal

Ce mot : « poignée de maisons », est juste. Ailleurs, la bâtisse emprunte au sol même l'élément de la demeure ; la brique a beau passer au feu, la pierre à la scie, l'air, les intempéries ont tôt fait de fondre ces disparates dans la dominante du paysage. Ailléurs, la' maison, c'est seulement le sol qui se lève. Mais ces chalets de bois ont un air délicieusement artificiel et « posé » ; il semble qu'ils soient mobiles comme des « loges » de « banquistes ». Aujourd'hui, on les a placés dans ce bouquet de pins; demain, on les juchera un peu plus haut, sur cette roche d'où la vue s'élargira. Et les fraîches couleurs dont ces maisons sont peinturlurées achèvent de les faire pareilles à ces jouets que les enfants tirent d'une boîte de sapin avec des quadrupèdes hiératiques, des moutons grands comme des chevaux, des arbres portés par des tertres jaunes. Il y en a, de ces maisons, qui sont délicieusement roses ou bleu pâle, comme les robes de percale qu'on voit dans les aquarelles d'Heilbuth; d'autres sont blanches, du blanc des cabines de luxe, ou sombres comme un bateau goudronné pour la pêche. Les fenêtres des maisons brunes ont des cadres blancs qui les soulignent, qui remplacent les ombres de la moulure ; les blanches sont rehaussées par des bandes de couleur sombre, au ton des colombages normands. Et le sapin verni, tout luisant, tout neuf, achève de donner à ces rives l'aspect élégant des pays de villégiature....