Extrait du journal

L'automne dernier encore, je suivais avec satisfaction les travaux intelligemment entrepris par M. Franchetti pour la réfection de la Ca d'Oro. Pendant longtemps, le plaisir d'amour que ce petit chef-d'œuvre du gothique vénitien donnait à tout passant avait la qualité un peu douloureuse du sentiment qu'inspire une jeune beauté malade et qui n'a contre les fièvres d'autre défense que ses grâces. « Eh ! quoi, se disait-on, avec sa galerie du bas et ses deux loges superposées, avec ses arcs et ses colonnes transparents au soleil qui les baigne et si délicatement ouvragés que le courant d'air du canal devrait suffire à déchirer, comme une dentelle de femme, cette demeure d'Ariel vit depuis le quatorzième siècle ? Comment ne pas s'attendrir d'une telle vaillance! Que n'ai-je la fortune d'intervenir dans les destinées de ce petit palais: je voudrais le parer, le secourir ! » La chose est faite, maintenant....