Extrait du journal

Si l'on excepte la situation financière, dont la gravité trouble tout le monde, c'est certainement la question du pain qui préoccupe le plus le public. L'explosion de colère qui se produisit le mois dernier lorsqu'on apprit que des spéculateurs contribuaient à faire monter les prix du blé en a fourni la preuve. A la vérité, les achats incriminés par le parquet d'Angoulême ne pouvaient guère troubler le marché car ils ne portaient que sur des quantités insignifiantes, par rapport aux énormes besoins de la meunerie. Les faits Divulgués n'en sont, cependant, pas moins répréhensibles. D'ailleurs, ce n'est pas seulement en Charente qu'ils se sont produits, mais partout où, aux approches de la soudure, il restait du blé. La baisse constante du franc, l'absence de stock de réserve, les offres d'achat rendues plus pressantes par suite des exigences de notre ravitaillement ont favorisé, comme je l'ai expliqué, une spéculation si tentante que beaucoup 'de petits meuniers préféraient plutôt vendre le blé que le moudre. Ils arrêtaient leurs moulins, sons prétexte de réparations, et se faisaient les approvisionneurs des courtiers....