Extrait du journal

Après la Révolution comme auparavant, dès l'arrivée à Moscou, le Kremlin absorbe d'abord l'attention. Il est à la fois une ville sainte et une forteresse dont les hautes tours veillent sur les monastères, les palais et les cathédrales iaux coupoles d'or que domine le campanile d'Ivan Véliky. Il semble que le nouveau pouvoir ait voulu que le Kremlin, s'il cessait d'être la citadelle de l'orthodoxie, fût celle du communisme mondial., l'ardent foyer d'où la révolution prolétarienne devait gagner l'Europe et l'Asie. C'est devant le grand mur du Kremlin, sur la place Rouge, dont l'histoire est celle même de la Russie moderne, que sont ensevelis les révolutionnaires tombés dans les journées d'octobre. C'est dans son enceinte que, malgré leur simplicité et la modestie de leurs goûts, se sont installés Kalénine, président de la République; Lénine, puis Rykov, son suppléant, et Lunatscharsky, commissaire à l'instruction publique, mais aussi propagandiste auprès des armées soviétiques, journaliste et critique d'art. Le grand drapeau rouge qui flotte sur le palais de justice domine les aigles dorées et les croix victorieuses du Croissant....