Extrait du journal

Elle a du sang de chemineau dans les veines. — Obèse, d'aspect vulgaire avec son plumage d'un gris terreux moucheté de blanc, elle passe sa vie à changer de climat, explorant les pays du Nord pendant l'été, et les contrées méridionales pendant l'hiver ; sans cesse en quête d'un nouveau campement et abandonnant successivement ses différents gîtes, selon que la récolte est faite ou encore à faire. Pour les cailles, comme pour tes bohémiens de Béranger, « vie errante est vie enivrante H. Leur horreur de j'existence sédentaire est telle qu'on a vu de jeunes cailleteaux, élevés en cage, presque au sortir du nid, éprouver instinctivement des agitations étranges aux saisons ordinaires de la passe : en avril et en septembre. Cette inquiétude fiévreuse les prenait chaque jour avant le coucher du soleil. Ils allaient et venaient dans leur prison, s'élançaient violemment contre le filet qui servait de toit, puis, après une nuit entière de surexcitation, retombaient sur le parquet de la cage, tristes, épuisés et indifférents....