Extrait du journal

Ils se taiseQt. On dirait qu'ils ont décidé de se taire pour toujours. Le ciel, comme pour s'harmoniser à la tristesse de nos pensées, s'est chargé de lourds nuages couleur de cendre et de suie. Au palais, on ne fait aucune déclaration, sinon qu'il faut patienter et que la population n'a aucune raison de s'alarmer; mais la population, néanmoins, attend anxieusement quelque nouvelle plus précise. Elle voudrait pouvoir se rassurer et elle s'énerve à chaque instant davantage. Sa déconvenue est si profonde, ses craintes sont si évidentes, que j'en éprouve une impression pénible et que je ne saurais m'empêcher de partager sa perplexité. Cette ville, qui devrait être maintenant foute retentissante d'acclamations, toute vibrante d'enthousiasme, demeure marne. Sa. torpeur d'aujourd'hui contraste singulièrement avec l'agitation de la veille. Les passants disparaissent furtivement. On dirait qu'ils ont horreur du moindre tumulte, de tout ce qui pourrait ressembler à l'expression intempestive d'aucun plaisir. Dans les groupes, on parle moins qu'on ne chuchote, et ce qu'on chuchote, c'est cette phrase laconique et redoutable : « L'enfant se présente mal ! »...