Extrait du journal

Quand je passe, chaque soir, sur le pont de la Concorde, je les ai là sous les yeux, les deux villes si différentes et qui se complètent si admirablement aujourd'hui l'une par l'autre. A droite, c'est la ville de fête, la ville fantôme, la grande cité pittoresque improvisée par une volonté puissante et un travail de géants ; c'est la ville du songe, de l'art, de l'oubli, du labeur humain aussi ; c'est l'apparition saisissante et délicieuse d'une sorte de contrée inconnue,avec des lumières partout, des dômes éclairés, des frontons qui ressemblent à des traînées d'étoiles. Les candélabres du pont Alexandre, les lampes à arc, les becs de gaz mêlent leurs lueurs rouges ou bleuâtres qui %e reflètent dans l'eau, pareilles à des serpentins phosphorescents. Des bateaux aux lanternes rouges, vertes aussi, comme, dans l'herbe, des taches claires de lampyres, fendent les remous du fleuve qui paraît noir absolument et frissonne sous le ciel....