Extrait du journal

Paul Déroulède est mort. C'est une rude nouvelle. Cet homme qui était tout mouvement, toute activité, tout souvenir et tout espoir, qui se prodiguait avec une foi sans ce-se revivifiée et que des avertissements sérieux, des maladies déjà longues, des repos forcés n'avaient pu condamner à la douceur des champs et aux charmes des vers bucoliques, ce poète-soldat, sympathique à tous, valeureux et représentatif, inspiré, populaire unanime a succombé à une attention cardiaque qu'il ne voulait pas soigner, dont il dissimulait les progrès à .eon admirable sœur — et c'est tout à fait à la fin qu'il s'est dérobé à ses amis, à ses fidèles. Il a eu l'héroïsme et la consolation de se dérober à la Camarde, qu'il ne craignait point, en parlant, en dépit de tout et de tous, à Champigny, en venant communier à Notre-Dame, comme pour un sacre, en partant pour Nice arracher un dernier sourire au soleil et donner à une église une statue de son patron saint Paul, ex-voto sculpté par son fidèle Pallez. Toute cette fin a ajouté en pathétique, en émotion, en énergie agonisante à une existence cahotée, remplie et d'une unité troublée. Paul Deroulède a eu la consolation de s'occuper jusqu'au dernier moment de la patrie, de ses ennomi-J et dé ses défenseurs: On se souviendra longtemps de sa silhouette immense, de son geste immuablement tendu, de son nez d'aigle, de ses yeux de feu clair, de sa jeune moustache à peine givrée et de sa barbe qui, à soixante ,ans, n'était pas encore blan* he. On a connu ,sa longue, redingote qui, jadis, avait des hfluton" d'acier, son chapeau, le large ruban rouge qu'il avait gagné de son sang....