Extrait du journal
La question soulevée par le précédent article de Pèlerin mérite d’être étudiée et serrée de près. En effet, je crois qu'il y a moyen de faire de la propagande anarchiste dans les syndicats, et pour cela il faudrait d’abord définir comment l’on conçoit un syndicat. Pèlerin nous dit que le syndicat a pour but de défendre les salariés, les faire augmenter si possible ou de diminuer les heures de travail ; conséquemment, défendre son salaire, ce serait , dans les conflits économiques qui se présentent entre patrons et ouvriers, reconnaître le salariat et conséquemment la loi « autorité». Eh bien î réellement, est-ce que syndicat doit être compris de cette façon ? Je ne. le crois pas. Car le syndicat, selon moi, ne doit être qu’une « association » d’ouvriers appartenant à la même corporation, se réunissant et échangeant leurs idées sur les conflits qui peuvent surgir. Malheureusement, il n’en est pas encore ainsi à l’heure actuelle. La faute à qui ? Précisément aux révolutionnaires, qui se croient trop avancés et négligent de se mêler dans certains milieux, sous le fallacieux prétexte qu’ils craignent, soit de se laisser aller à des concessions, soit à des compromissions dangereuses. Et si je vais dans un syndicat,' où règnent par exemple des politiciens, c’est avec le parti pris et l’idée arrêtée d’avance de débarrasser la classe ouvrière de ces parasites dangereux. Et, d’ailleurs, les résultats sont là pour me confirmer. Au congrès de Londres, ce n’est que grâce à l’appui d’un grand nombre de syndicats qui, travaillés par les idées Libertaires, avaient envoyé au congrès des délégués absolument ennemis de la politique, que l’on eut une majorité, montrant par là le progrès réalisé dans ces milieux ouvriers entre 188(5 et 1896. D’ailleurs le mouvement va en s’accentuant, et l’on peut, compter les syndicats qui sont imbus de politic.rdlerie. Le congrès socialiste qui doit s’rouvrir cette année s’en est fort bien aperçu et, dans ses circulaires, il exige que les syndicats adhèrent à la conquête des pouvoirs publics, car il craint, si ce crado do n’était pas préalablement exigé, une deuxième édition du Congrès de Londres qui fut pour les politiciens un « fiasco » complet. Or, à qui doit-on cette évolution dans les syndicats, si ce n’est aux camarades qui, soit dans les réunions, soit dans les conseils, ont contnxbalanfcéjjl'influenee des politiciens? L...
À propos
Le Libertaire ou « le journal des anarchistes » est un hebdomadaire lancé en France en 1895 – soit sous les Lois Scélérates - par Louise Michel et le militant Sébastien Faure. Pendant la Première Guerre mondiale, le journal paraît clandestinement. En 1945, le journal est présenté comme « l’organe de la Fédération anarchiste ». Le Libertaire bénéficie alors de contributions prestigieuses, telles que Georges Brassens, André Breton, Albert Camus.
En savoir plus Données de classification - waldeckrousseau
- albert henri
- londres
- france
- ligue des patriotes