Extrait du journal

Pourtant l'Œuvre ne désespère pas. Elle vient, au contraire, de découvrir certain projet d’union européenne, d’où pourrait bien, pourvu que Dieu lui prête vie, sortir la réorganisation de l’Europe Centrale. Il consiste essentiellement dans des accords économiques qui uniraient les pays daubions : Tchécoslovaquie, Yougoslavie, Roumanie, Hongrie et Autriche. Ces pays, successeurs et partiellement héritiers de l’ancien empire des Habsbourg, en s’accordant de mutuels tarifs préférentiels, constitueraient une manière de Zollverein, d’union douanière de l’Europe Centrale, pourvue provisoirement d’un caractère strictement économique, mais qui pourrait dans la suite évoluer vers une confédération politique. Ainsi se trouverait reprise et réalisée, sur un plan plus restreint, l’idée brigandine d’une union pan-européenne. Tant il est vrai — comme nous l avons soutenu icimême — que la politique de Briand, loin d’être le fait de vues très personnelles de l’Homme de Locarno, reflétait la nécessité où se trouve présentement le capitalisme — et singulièrement le capitalisme français — de sortir de la crise économique par la voie d’accords internationaux. Nous avons vu, en effet, le successeur de Briand, contraint à la même politique, aux mêmes négociations, aux mêmes rapprochements. Aujourd’hui Tardieu patronne la future confédération danubienne avec le même sens de la continuité française qu’eut montré Aristide Briand....