Extrait du journal

La Commune de 71 marque certainement une grande date révolutionnaire pourtant, elle ne tut dans son programme et ses procédés ni anarchiste ni même réellement socialiste. Née de l’exaspération des Parisiens désabusés contre un gouvernement dit de « défense nationale », qui n’avait rien su défendre ; des souffrances matérielles et morales d’un siège de cinq mois, et enfin de l'appréhension que causait l'attitude provocatrice d'une Assemblée monarchiste et cléricale, élue sous les baïonnettes allemandes, le mouvement de la Commune fut, ù son origine, nettoment patriotique et républicain. La première explosion de colère et d'enthousiasme passée, beaucoup — il faut bien le constater — restèrent nominalement dans les bataillons fédérés tout simplement pour toucher la solde quotidienne de 1 fr. 50, qui seule permettait de subsister, la vie industrielle et commerciale de Paris n’ayant pas encore repris son essor. C’est ce qui explique comment, alors qu'une statistique officielle du ministère de la Guerre proclamait imperturbablement un total d’envison 180.000 combattants, moitié pour la garde nationale sédentaire, moitié pour les bataillons de marche, la Commune n’eut pas plus de quinze mille défenseurs effectifs pendant les cinquante jours de combat sous Paris, chiffre réduit à moins de dix mille pendant la semaine de lutte aux barricades — la semaine sanglante....