Extrait du journal
Du sufTe-age universel. Nous n’avions appelé, ni de nos vœux, ni de nos sympathies, le suffrage universel. Aujourd’hui qu’il existe, nous l'acceptons comme la base de notre charte républicaine ; niais nous voulons qu’il soit une vérité et non un mensonge légal : voilà pourquoi nous appuierons toutes les propositions qui auront pour résultat de permettre au pays d’exprimer librement et sincèrement sa volonté. Le vole au chef-lieu de la commune avait cet avantage; aussi demandions-nous que la loi électorale l’adoptât. Nos vœux n’ont point été exaucés, et les républicains de la veille, que nous sommes toujours sûrs de rencontrer parmi les adversaires du véritable libéralisme, ont combattu avec un incroyable acharnement l’amendement proposé par notre honorable représentant M. Desèze. L’hostilité des démocrates contre cet amendement ne nous a point surpris; le suffrage universel n’est, à leurs yeux, qu’un moyen d’exhumer leurs nullités; aussi fuient-ils tout ce qui peut les paralyser dans leurs intrigues. Or, le vole communal étant de nature à faire avorter des candidatures non sérieuses, ils l’ont repoussé, comme ils repoussent, aujourd’hui, la pensée de diviser e»i plusieurs sections les cantons. Ce fait nous prouve le respect professé par nos puritains pour nos agriculteurs. Ils savent que l’impraticabilité des.chemins pendant l’hiver force souvent les habitants de nos campagnes à renoncer à l'exercice de leurs droits politiques; ils n’ignorent pas que les vieillards et les infirmes sont dans l’impossibilité matérielle d’aller déposer leurs voles à un chef-lieu de canton la plupart du temps très-éloigné de leur résidence, au lieu de faciliter à ces infirmes, à ces vieillards, à toute celle population agricole, si honnête et si morale, l’usage des droits politiques, ils entassent obstacles sur obstacles, difficultés sur difficultés, afin d’écarter du scrutin l’élément spis représente, en France, l’esprit conservateur, et c’est à ■. nous qu est réservé le noble privilège de défendre actuellement le suffrage universel contre les attaques de ceux qui voudraient ou l’amoindrir, ou l’annihiler complètement. Sans la vigoureuse résistance de nos amis politiques, on eut enlevé au peuple le premier de tous ses droits, celui de nommer lui-même le président de la République. Sans l’éloquente opposition de M. O. Barrot, on eût encore déshérités conseils généraux de la faculté d’émettre un avis sur 1 utilité de diviser les cantons en certaines circonscriptions électorales. Voilà le degré d’estime et de confiance que professent pour le suffrage universel quelques hommes affublés du titre de républicain. Nous avons donc raison de les traiter de comédiens politiques, car leurs paroles et leurs actes sont un solennel démenti donné à leurs antécédents et a leurs principes; aussi le pays, qui commence à s’apercevoir qu’il a été gouverné, depuis le 24 février, par des hommes sans conviction et sans foi politique, éprouve-t-il un profond sentiment de mépris pour tous ces charlatans déguisés en tribuns; cl ce sentiment grandira à mesure que se dérouleront les palinodies des roués du National, car nous les connaissons trop pour croire qu’ils s’arrêteront devant les cris de l’opinion publique. L’amour du pouvoir, la soif des honneurs, les rendent sourds et aveugles aux murmures qu’élève la conscience contre leurs apostasies, et leur attitude actuelle dit assez que, seule, la colère du pays les condamnera à rentrer dans la vie privée. Sans doute il eût été plus digne, peut-être même plus prudent pour eux de quitter volontairement le pouvoir, et de ne pas attendre que la force même des choses leur imposât un aussi douloureux sacrifice; mais les aristocrates national ne sont pas hommes à suivre l’exemple des Thiers et des Molé. Si ces derniers se retiraient en présence d’une majorité douteuse, nos gentilshommes bravent les voles de la majorité, et répondent à son blâme, en venant le lendemain revêtus du titre et du costume de préfet de police. Si le sentiment national ne primait pas dans notre cœur et dans notre esprit tous les autres, nous serions heureux de voir aujourd’hui nos anciens accusateurs nous donner un spectacle que ne nous a jamais offert le gouvernement de Juillet. Ceux qui réhabilitent la politique que nous défendions, et qui vengent M. Guizot de toutes les injures qu’il a reçues, représentent, aux yeux des puissances étrangères, le gouvernement de la France. Or, sous une république comme sous une monarchie, nous voulons que notre honneur reste sain et sauf, et qu’il ne soit permis à aucun des dépositaires du pouvoir de compromettre la dignité du Gouvernement. Malheureusement, elle a été bien compromise depuis le 24 Février, et l’histoire de nos derniers huit mois renfermera plus d’une page que nous voudrions pouvoir déchirer. Qu’on ne s’étonne donc pas si nous déplorons les fautes de nos adversaires 1 Chez nous, les passions cl les haines de parti n’ont pas atteint le degré de violence qui fait que l’on enregistre avec joie les échecs d’un ennemi , car, comme nous le disions tout-à-l’heure, voir la France ne jamais être exposée à rougir du gouvernement qu’elle a eu, est la première de nos sollicitudes. Or, les échecs subis par les hommes du National, leur persistance à garder le pouvoir, sont autant de taches qui rejaillissent sur notre Gouvernement; et, dans l’opinion des puissances é (rangéfics, nous avons dû déchoir de notre rang, lorsqu’elles nous ont vu accepter indistinctement le règne des incapables et des intrigants. La France abdiquant chaque jour sa primel ive e suprématie ! la France .aliénant, a chaque instant, sou j litre de reine des nations civilisées! voilà ce qui rend nom- > lie e polémique sans indulgence cl sans pitié envers des boni- 1 mes auxquels nous aurions pardonné bien des failles, s’ils ' avaient su se respecter et respecter le pouvoir; mais leurs I actes nous ont prouvé qu’ils faisaient bon marché de leur ; propre dignité et de celle du Gouvernement ; et, lorsque!...
À propos
Le Mémorial bordelais est une publication régionale ayant paru quotidiennement entre 1846 et 1853. On y trouve des informations relatives à la Gironde, mais également des échos d’ordre national et international. Il est, avec L’Indicateur de Bordeaux, la principale publication de la région à cette époque.
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