Extrait du journal

Paris, le P7 octobre 1849. Monsieur , La journée d’hier s’est passée ici, pour les gens de votre opinion et de la mienne, de la manière la plus pénible. Les bruits fâcheux qu’on avait répandus dès la veille avaient-ils quelque fondement? Je ne saurais le dire; mais il ne s’agissait pas de moins que d’une rupture complète, au sujet de la question romaine,entre le président de la République, appuyé de son ministère, et la majorité de l’Assemblée législative. Dieu sait comment ce conflit se serait terminé! Une fois engagé dans celle impasse, le chef du pouvoirexéculif ne pouvait plus guère, à ce qu’il semble, en sortir autrament que par la brèche, et vous comprendrez comme moi quels hommes se seraient à l’instant empressés de l’y aider. Des nouvelles d’une nature plus rassurantes circulent aujourd’hui. Un rapprochement se serait opéré, diton, entre les deux pouvoirs, et, si la dissidence n’avait pas entièrement cessé, du moins elle aurait été considérablement atténuée. Acceptons en l’augure ; espérons que cette courte crise n’aura pas les résultats funestes dont nous avons pu nous croire menacés, et que nos ennemis publics exploitaient déjà dans leur pensée, comme si elle eût été leur propre ouvrage. Leur triomphe prématuré aura été un salutaire avertissement....