Extrait du journal

valant d'une clause formelle de leurs engagements, en demandèrent la résiliation et quittèrent la France au plus vite (1). C'était une dislocation complète du personnel du théâtre Feydeau, car, peu de mois auparavant, la troupe de comédie française avait été congédiée par mesure d'économie. Mais ce n'est pas tout, et l'administration elle-même se vit bientôt désorganisée : Léonard, qui avait pris une part active à l'épisode de Varennes, fut obligé de s'enfuir pour échapper aux dangers qui le menaçaient, tandis que Viotti, devenu suspect à raison de ses anciennes relations avec la reine et la Cour, crut prudent de s'éloigner aussi et de se réfugier au moins provisoirement en Angleterre ; il n'est pas jusqu'à Martini qui ne se vit forcé, lui aussi, de se cacher à tous les yeux. Les chanteurs français, abandonnés de tous et réduits à leurs propres forces, se constituèrent alors en société, à l'imitation de leurs confrères de Favart, et demeurèrent seuls à Feydeau. Quant à Gherubini, se voyant pour le moment inutile, il profita des loisirs forcés qui lui étaient faits pour aller prendre un peu de repos dans une campagne que possédait près de Rouen, à la Chartreuse de Gaillon, son ami Louis, l'architecte fameux du Grand-Théâtre de Bordeaux et de l'Odéon. Il s'y trouvait d'autant mieux que Mme Louis, femme charmante et pleine de grâce, était une musicienne'distinguée, qui avait fait représenter naguère au théâtre Favart, en 1776, un petit opéra comique intitulé Fleur d'épine, et qu'il était là en compagnie de deux autres amis, M. Ethis et sa femme, laquelle joignait à une voix fort agréable un véritable talent de chanteuse....