Extrait du journal

L'apologiste a l'ardeur d'un néophyte, et le romantisme de son âme désenchantée vient de trouver son chemin de Damas en apprenant la mort d'une mère chrétienne qu'il n'a pu revoir ni rassurer sur le salut de son âme... « J'ai pleuré et j'ai cru » : voilà toute sa poétique: et n'est-ce pas, vraiment, toute « la poétique du christianisme » ? Le voici donc, ce nouveau Saint-Augustin, qui cite Platon, le plus instinctivement chrétien des docteurs profanes; le voici qui demande au musicien digne de ce nom de ne jamais « juger par le plaisir », ni de rechercher ces tons langoureux qui le font naître, mais de préférer le chant « qui contient en soi la ressemblance du Beau ». Le plaisir est soumis à tous les caprices de l'opinion; mais le Beau ne relève que de l'absolu : c'est un reflet de Dieu même,, et M. de Chateaubriand n'en doute plus. Sans se demander ce qu'un langage de convention, comme la musique, peut bien. devoir à l'imitation du monde extérieur, M. de Chateaubriand répèle, avec ses aînés et. tous ses contemporains, que « l'art est l'imitation de la nature »; mais il a grand soin d'ajouter : « de la plus belle nature possible », et l'adversaire des philosophes s'explique sur ce point dans la préface de la première édition d'Atala; quand cette pieuse « anecdote » reparut en 4805, accompagnée, cette fois, dé Jlené':...