Extrait du journal

Au cours d'une longue page d'histoire contemporaine, nous devons toujours distinguer l'image ou l'idée que nous construisons de ce qui fut avant nous et le spectacle plus rapproché que nous avons pu voir de nos propres yeux : dans l'atmosphère, toute chaude de grands souvenirs, d'un cadre unique au monde, dont la tonalité décorative, seule, a changé, nous ne pouvons que nommer, sans les évoquer, les premiers chefs d'une admirable légion : le vaillant et ponctuel Habeneck, conduisant Y Héroïque au début de la première séance, le 9 mars 1828, et demeurant vingt ans au pupitre; son successeur Girard, violoniste comme lui, dont la sévérité, redoutée d'abord, fut reconnue bientôt bienfaisante, et qui, dès le i5 avril 1849, donnait des fragments de la Damnation de Faust, si fort méconnue à l'Opéra-Comique, en décembre 1846 ; Tilmant l'Aîné, qui commençait exactement à deux heures en cet âge d'or des deux séries d'abonnés ; puis Georges Hainl, venu du théâtre de Lyon....