Extrait du journal

Dès le xve siècle le style humoristique apparaît sous forme de « Catchs », compositions contrapuntiques à plusieurs voix, échangeant des plaisanteries d'une légèreté souvent excessive, et largement assaisonnées de calembours. Leur vogue devient irrésistible et même, en pleine révolution, Cavaliers et Têtes-Rondes se délassent au jeu des « Catchs » qui se répandirent rapidement. Les partisans de Charles n'allèrent-ils pas jusqu'à publier un recueil intitulé : Catch Cat Catch Can? Donc, s'il est vrai qu'en France tout finit par des chansons, on peut en dire autant de l'Angleterre, dont les clubs se font les apôtres de cette nouvelle mode, au point qu'en 1760 il se fonde un English Catch Club, dont l'activité s'emploie presque exclusivement à encourager le développement de ce genre particulier d'humour. Il se présente sous des formes assez variées. Parfois les paroles seulement sont essentielles, la musique n'étant que la servante du texte; les Catchs appartiennent à cette catégorie-là; et à côté d'eux nous pourrions classer certaines pièces d'Erik Satie comme Véritable prélude flasque pour un chien. OEuvre qui deviendrait étrangement simple si elle était sobrement baptisée : Prélude. L'observation s'applique également au recueil de Descriptions automatiques du même auteur : là, l'humour se manifeste par de nombreuses indications essaimées à travers ces pages; dans la seconde, par exemple : « Sur une lanterne», nous lisons : N'allumez pas encore. — Vous avez le temps. — Vous pouvez allumer. — Eclairez un peu devant vous. — Votre main devant la lumière. — Retirez votre main et mettez-là dans votre poche. — Attendez. — Eteignez. » Petit scénario que la musique ne semble pas suivre. Il n'y a pas, dans ces cas, fusion entre le texte humoristique et la partie de piano....